Note 29 - Expositions aux risques de marché (liquidité, taux, change, actions) et aux risques de crédit

29.1 Risques de marché

29.1.1 Exposition

Risques de liquidité
Le risque de liquidité est maîtrisé puisque le ratio des réserves de liquidités disponibles (trésorerie, placements financiers courants et lignes de crédit confirmées, non tirées) sur la dette brute inférieure à 2 ans est de 193,0 %. En effet, la dette brute à moins de 2 ans est de 851 M€, tandis que le total des réserves de liquidité est de 1 642 M€ (trésorerie et placements financiers courants pour 687 M€, lignes de crédit confirmées non tirées pour 955 M€ dont 950 M€ sur la ligne de crédit syndiqué).
La réserve de liquidité est principalement assurée par le crédit syndiqué conclu en mai 2015 pour un montant de 1 250 M€ dont 950 M€ non tirés au 31 décembre 2020. À cette date, l’échéance de la ligne de crédit est le 11 mai 2022.
Le 18 décembre 2020, le groupe a signé un amendement et une extension du crédit syndiqué, qui entrent en vigueur à partir du 8 janvier 2021, et prévoient l’accès à un montant total de 1 102 M€ jusqu’au 11 mai 2022 puis 1 002 M€ jusqu’au 31 mars 2023.
Cet avenant au contrat de crédit syndiqué est assorti d’un prêt, garanti par l’État à hauteur de 80 %, d’un montant de 465 M€ dont la publication au journal officiel est intervenue le 3 janvier 2021 et dont le montant intégral a été tiré le 8 janvier 2021. Ce prêt dont l’échéance initiale est de douze mois peut être étendu jusqu’à cinq années additionnelles. Cette option est exerçable par la société, à sa discrétion, à l’issue de la période initiale d’un an.
La valorisation des instruments dérivés affectés à la couverture de la dette, lorsqu’ils existent, sont inclus dans le calcul de l’endettement net. (cf. note 28.3).
La part des emprunts obligataires à remboursement in fine représente 53 % (contre 54 % en 2019) de l’endettement total brut au 31 décembre 2020. Les échéances sont de 500 M€ en 2023 et 2026 ainsi que de 300 M€ en 2024.

Risques induits par des clauses de remboursement anticipé du fait de l’application de clauses de défaut – « covenants »
Le contrat de crédit syndiqué, conclu en mai 2015 pour un montant de 1 250 M€ et dont la maturité est en mai 2022, comporte une clause appelée “covenant”, imposant le respect d’un ratio financier qui porte sur un montant maximum d’endettement net rapporté à un EBITDA ajusté.
L’endettement net correspond à la définition présentée en note 3.2 et son calcul est détaillé en note 29.
L’EBITDA ajusté est calculé à partir du résultat opérationnel courant des sociétés intégrées (Résop) et des activités abandonnées, en déduisant les amortissements et dépréciations des immobilisations corporelles et incorporelles, les amortissements des coûts d’obtention de contrats, les amortissements des droits d’utilisation des contrats de location immobiliers et autres, l’annulation de la charge de loyer fixe des contrats de location immobiliers et autres, et en y ajoutant les dividendes reçus des sociétés mises en équivalence.
Depuis le 1er janvier 2019, date d’application de IFRS 16 sur les locations, le Résop (définition en note 3.2) exclut l’effet d’IFRS 16 sur les contrats de concession uniquement. Les dettes de location n’étant pas considérées comme des dettes financières, elles ne sont pas incluses dans l’endettement net. Cet ajustement a été accepté par les prêteurs du crédit syndiqué de 1 250 M€ en juin 2019. Le non-respect de ce ratio donne aux prêteurs concernés la faculté d’exiger le remboursement anticipé de leurs concours octroyés. Le ratio est calculé chaque semestre sur 12 mois glissant sur la base des comptes consolidés publiés.
Au 31 décembre 2020, le ratio imposé par le “covenant” a été suspendu par les banques dans le contexte du Covid-19. À la suite de l’amendement et de l’extension de la ligne de crédit syndiqué ainsi que de l’octroi du prêt garanti par l’État, signés le 18 décembre 2020 et entrés en vigueur le 8 janvier 2021, ce ratio est à nouveau appliqué à partir du 31 décembre 2022 avec le seuil de 4.5.
Pour la période de mars 2021 à septembre 2022, un indicateur de liquidité a été retenu. Il est calculé trimestriellement sur la base du montant de la trésorerie et des équivalents de trésorerie et de la part non tirée de la ligne de crédit syndiqué. Le seuil cible passe de 750 M€ à 1 000 M€ à partir de décembre 2021.
L’amendement du contrat de crédit syndiqué et le prêt garanti par l’État prévoient également l’absence de distribution de dividendes par Lagardère SCA en 2020 au titre de l’exercice 2019 et en 2021 au titre de l’exercice 2020, un montant maximum de distribution de 0,50 euros par action au titre de l’exercice 2021 en 2022 sous condition d’un endettement net inférieur à 2 000 M€, un montant maximum de 1,30 euros par action au titre de l’exercice 2022 en 2023 et un montant de 1,30 euros maximum par action à partir de 2024 avec possibilité d’augmenter ce montant en fonction du niveau du ratio de levier. Enfin, les rachats d’actions, hors cadre du contrat de liquidité, sont autorisés dans la limite de 5 M€ par an tant que le levier est supérieur à 3,5x.

Risques de taux d’intérêt
53 % de l’endettement brut total est réalisé par des emprunts obligataires à taux fixe.
Ainsi, l’emprunt obligataire de 498 M€ à échéance 2023, émis en 2016, porte intérêt à taux fixe (taux d’intérêt effectif de 2,90 %).
L’emprunt obligataire de 298 M€ à échéance 2024, émis en 2017, porte intérêt à taux fixe (taux d’intérêt effectif de 1,81 %). Enfin, l’emprunt obligataire de 497 M€ à échéance 2026, émis en 2019, porte intérêt à taux fixe (taux d’intérêt effectif de 2,26 %).
Les titres de créances négociables à court terme (billets de trésorerie) et à moyen terme sont émis régulièrement, pour des durées de 1 à 24 mois. Le rythme des émissions et la durée des billets font varier ainsi les taux de référence appliqués ; aussi, le taux de l’ensemble du portefeuille évolue-t-il tout au long de l’année. Les autres dettes bancaires portent principalement intérêt à taux variable.
La trésorerie et les équivalents de trésorerie représentent un en-cours de 687 M€. D’autre part, l’endettement à taux variable s’élève à 1 092 M€ (ce chiffre excluant principalement les dettes liées au rachat d’intérêts minoritaires et les dépôts et cautions reçus).
À fin décembre 2020, compte tenu des montants mentionnés ci-dessus, une hausse instantanée des taux aurait un effet limité sur la charge nette d’intérêt du Groupe.
Au 31 décembre 2020, le Groupe ne détient pas d’instruments dérivés de taux qui modifie la répartition de la dette à taux fixe et variable.
Par ailleurs les engagements de retraites et obligations assimilées sont sensibles aux variations des taux d’intérêt. La part obligataire et monétaire des actifs correspondants présente une sensibilité en sens contraire. Les en-cours liés à ces engagements et à ces actifs sont détaillés en note 27.1.

Risques de change
Les opérations de couverture de devises sous forme de terme direct portent, au 31 décembre 2020 pour l’ensemble des branches, sur des montants de 53 M€ à la vente et 78 M€ à l’achat.
Pour le risque de conversion du compte de résultat, le Groupe n’effectue pas de couverture financière. Les éléments d’exposition sont donnés ci-après.
La part des principales devises dans le chiffre d’affaires consolidé 2020 se présente comme suit (chiffre d’affaires reporté par les entités dans la monnaie officielle de leur pays de domiciliation) :

  • Euro 50 %
  • Dollar US 22 %
  • Livre Sterling 8 %
  • Autres devises 20 %

Total 100 %

Sur la base des données comptables de l’exercice 2020, les sensibilités du résultat opérationnel courant des sociétés intégrées (Résop) à une variation des taux de change respectifs de ces devises, en ordre de grandeur et en année pleine, pour une dépréciation de 10 % contre l’Euro et avant toute mesure d’ajustement, sont présentées dans le tableau ci-dessous :

Devise Incidence comptable
sur le Résop consolidé 2020
Dollar US (*) (2) M€
Livre Sterling (**) (6) M€

(*) Résop des entités dont la monnaie fonctionnelle est le dollar US.
(**) Résop des entités dont la monnaie fonctionnelle est la Livre Sterling. Le financement des activités courantes est en général assuré par recours à des crédits à court terme et à taux variable libellés dans la devise locale pour éviter tout risque de change, soit un en-cours, au 31 décembre 2020, de 362 M€.
Pour les investissements à long terme, y compris les acquisitions, le Groupe se réserve la possibilité de mettre en place des emprunts à moyen terme dans la devise d’investissement. Au 31 décembre 2020, le montant de tels instruments qualifiés de couvertures d’investissements nets est de 395 M€, principalement en dollars US.

Risques sur actions de sociétés cotées
Les principaux titres de sociétés cotées détenus directement ou indirectement par le Groupe sont les suivants :

Titres Nombre Taux de détention Cours au 31.12.2020 Valorisation boursière
au 31.12.2020
Lagardère SCA 1 590 628 1,21 % 20,48 32 576 061 €
Actifs liés aux régimes de
retraite placés en actions
      30 095 069 €

Les titres d’autocontrôle sont déduits des capitaux propres consolidés pour leur coût d’acquisition. Les variations ultérieures du cours n’ont aucun impact sur les comptes.
La juste valeur des actifs liés aux régimes de retraite s’élève à 280 M€. Ils sont investis à hauteur de 11 % en actions (cf. note 27.1), ce qui représente une valorisation de 30 M€ au 31 décembre 2020.

29.1.2 Gestion

Le Groupe applique une politique visant à limiter les risques de marché encourus par l’application de procédures permettant d’identifier et de quantifier ces risques. L’utilisation de produits dérivés est réservée à des opérations de couverture non spéculatives.

Le portefeuille des dérivés se décompose de la manière suivante :

Catégorie
d’instrument
de couverture
Nature de couverture Nominal Juste valeur Autres éléments
du résultat global
31.12.2020 31.12.2019 31.12.2020 31.12.2019 2020 2019
Cross-currency
swaps affectés à la
dette (*)
Investissement net 350 383 16 (8) 24 (15)
Swaps de change
affectés à la dette (*)
Juste-valeur 537 506 - - - -
Couvertures
de change
opérationnelles
(Achats et ventes
à terme)
Flux de trésorerie
et Juste-valeur
130 384 (2) (2) - (5)
Total 1 017 1 273 14 (10) 24 (20)

(*) La variation de juste-valeur des instruments financiers affectés à la dette s’élève à 24 M€ au 31 décembre 2020 et sont relatifs aux cross-currency swaps, comptabilisée en autres éléments du résultat global.

Au 31 décembre 2020, les caractéristiques des cross-currency swa ps affectés à la date sont résumées ci-après : Les nominaux s’élèvent à 430 millions de dollars
Au 31 décembre 2019, les contrats s’élevaient à 430 millions de dollars US avec les mêmes échéances.
La maturité des cross-currency sw aps est alignée avec celles des emprunts obligataires et du placement privé Schuldscheindarlehen, les dérivés ayant permis, sur le plan économique, de transformer en dette à taux fixe dollar US les emprunts obligataires émis à taux fixe euro.
La maturité des autres dérivés est inférieure à un an.

Risques de taux d’intérêt
Le Groupe ne pratique pas de gestion active quotidienne des taux d’intérêt relatifs à ses actifs et passifs financiers. Les placements de trésorerie sont effectués sur des instruments de taux choisis pour leur qualité en termes de signature, avec des maturités adaptées à la durée prévue du placement et en excluant tout placement spéculatif ou à fort risque.
Aucun produit dérivé n’est attaché à ces investissements.

29.2 Risques de crédit et de contrepartie

Le risque de crédit et de contrepartie représente le risque de perte financière pour le Groupe dans le cas où un client ou un débiteur viendrait à manquer à ses obligations contractuelles. Ce risque provient essentiellement des créances clients.

29.2.1 Exposition

L’exposition du Groupe au risque de crédit et de contrepartie peut résulter principalement :

  • des en-cours clients ou d’engagements reçus dans le cadre de contrats commerciaux ;
  • d’investissements financiers réalisés soit pour placer des excédents de trésorerie, soit pour couvrir des engagements sociaux postérieurs à l’emploi ;
  • de contrats de couverture ayant pour contrepartie des établissements financiers.

Le total des en-cours clients s’élève à 1 050 M€ au 31 décembre 2020. Les en-cours clients principaux ont pour contrepartie des distributeurs de produits du Groupe. En France comme à l’étranger, les créances sont majoritairement détenues sur des clients locaux dont aucun ne représente un pourcentage élevé des ventes concernées. Il est précisé ci-dessous la part du chiffre d’affaires consolidé réalisé avec le premier, les cinq premiers et les dix premiers clients du Groupe :

(%) 2020 2019
Premier client 11,1 5,1
Cinq premiers clients 18,4 9,3
Dix premiers clients 23,3 12,0

La trésorerie et les placements financiers courants du Groupe s‘élèvent à 687 M€. Outre les soldes créditeurs auprès des banques du Groupe, la plus grande part des en-cours est placée sur des instruments représentatifs de signatures de bonne qualité. Les actifs gérés dans le cadre des engagements sociaux postérieurs à l’emploi s’élèvent à 280 M€ (dont 259 M€ au Royaume-Uni), 38 % de ces actifs sont investis en obligations.
Les contrats de couverture sont principalement destinés à la couverture des risques de devise. Leur en-cours notionnel s’élève à 1 017 M€ au 31 décembre 2020. Le risque économique attaché à ces contrats dépend de l’évolution des devises et des taux d’intérêt et ne représente qu’une fraction du montant notionnel. Les contreparties en sont des banques de premier plan.
Les contreparties du Groupe sont exposées aux aléas de la conjoncture économique et de ce fait des défaillances ne peuvent pas être totalement exclues.

29.2.2 Gestion

Chaque branche d’activité a la responsabilité de gérer de façon décentralisée son risque de crédit en fonction des spécificités propres à son marché et à sa clientèle.
Les clients nouveaux susceptibles d’engendrer un volume d’affaires important font généralement l’objet d’analyses ou de prises d’informations préalables (telles que notations externes ou références bancaires) qui peuvent conduire à la mise en place de garanties spécifiques ou à la souscription d’assurances crédit. Également, des plafonds de crédit par contrepartie peuvent être fixés.
Dans les activités nouvellement intégrées au Groupe, il est fait en sorte que des procédures de suivi adaptées aux risques de crédit spécifiques à ces activités soient progressivement mises en place. Le Groupe produit un compte-rendu périodique sur les risques de contrepartie, ce qui lui permet de suivre d’une part l’exposition consolidée du Groupe à ses principales contreparties, l’évolution des en-cours cumulés et le niveau des provisions qui s’y rattachent, d’autre part les mesures afférentes à la maîtrise des risques dans ce domaine. Le Comité des risques financiers examine périodiquement ce compte-rendu.
Par ailleurs, la Direction de la Trésorerie et du Financement est en charge de veiller à la bonne qualité des établissements financiers avec lesquels les entités du Groupe sont en relation.