Note 1 - Principes comptables

Annexe aux comptes consolidés au 31 décembre 2020

(Tous les chiffres sont exprimés en millions d’euros)

En application du règlement européen n°1606/2002 du 19 juillet 2002, les comptes consolidés du groupe Lagardère sont établis conformément aux normes IFRS (International Financial Reporting Standards) publiées par l’IASB (International Accounting Standards Board).

Le référentiel appliqué est constitué des normes IFRS et interprétations de l’IFRS - IC (IFRS - Interpretation Committee) adoptées dans l’Union européenne au 31 décembre 2020. Ce référentiel est disponible sur le site Internet de la Commission européenne :
http ://ec.europa.eu/finance/company-reporting/
ifrs-financial-statements/index_fr.htm.
Les nouvelles normes et/ou amendements aux normes IFRS adoptés par l’Union européenne, qui sont d’application obligatoire au 1er janvier 2020 sont les suivants :

  • Amendement d’IFRS 3 – Définition d’une activité ;
  • Amendements d’IAS 1 et IAS 8 – Définition de la matérialité ;
  • Amendements du cadre conceptuel des IFRS ;
  • Amendements aux normes IFRS 9, IAS 39 et IFRS 7 – Phase 1 de la réforme des taux d’intérêts de référence.

L’impact sur les comptes lié à l’application des textes ci-dessus n’est pas significatif.
Le Groupe a opté pour une application au 1er janvier 2020, de l’amendement d’IFRS 16 – Allègements de loyers liés au Covid-19. L’application de cet amendement est détaillée en note 18 de l’annexe aux comptes consolidés.
Par ailleurs, le Groupe n’a pas opté pour une application des textes suivants, adoptés par l’Union Européenne mais dont l’entrée en vigueur est postérieure au 1er janvier 2020 :

  • Amendements aux normes IFRS 9, IAS 39, IFRS 7 et IFRS 16 – Phase 2 de la réforme des taux d’intérêts de référence. Les nouvelles normes et amendements publiés par l’IASB au 31 décembre 2020, non encore adoptés par l’Union européenne et qui seront d’application postérieure à 2020, sont
  • Amendements d’IAS 1 : Classification des passifs en courant et non courant ;
  • Améliorations annuelles des IFRS – Cycle 2018-2020. L’impact éventuel sur les comptes lié à l’application des textes ci-dessus est en cours d’évaluation.

Les états financiers présentés ont été arrêtés le 25 février 2021 par la Gérance et seront soumis à l’approbation de l’Assemblée Générale des Actionnaires le 30 juin 2021.

Bases d’évaluation
Les états financiers ont été préparés selon la convention du coût historique, à l’exception de certains actifs et passifs financiers qui sont comptabilisés selon la convention de la juste valeur lorsque les normes IFRS le requièrent.

Jugements et utilisation d’estimations
La préparation des états financiers nécessite l’utilisation d’estimations et d’hypothèses pour la détermination de la valeur des actifs et des passifs, l’évaluation des aléas positifs et négatifs à la date de clôture, ainsi que les produits et charges de l’exercice.
Dans le cadre du recentrage du Groupe sur deux branches initié en 2018, qui s’est poursuivi en 2019 et finalisé en 2020, les résultats de cession des actifs des anciennes branches Lagardère Active et Lagardère Sports tiennent compte d’estimations, notamment relatives à l’existence de compléments de prix ou de garanties de passif pour lesquelles des provisions ont été enregistrées.
La Direction du Groupe revoit régulièrement ses estimations et appréciations sur la base de son expérience passée ainsi que de divers autres facteurs jugés raisonnables, qui constituent le fondement de ses appréciations de la valeur comptable des éléments d’actif et de passif. Les résultats réels pourraient diverger de ces estimations en fonction d’hypothèses ou de conditions différentes. Les règles comptables et méthodes d’évaluation appliquées par le Groupe sont détaillées en note 3.

1.1 Conséquences de la pandémie de COVID-19

Le 30 janvier 2020, à la suite de la découverte du Covid-19 et sa rapide propagation, l’OMS a décrété l’état d’urgence sanitaire. À partir du mois de mars 2020, compte tenu des mesures de fermetures des frontières, de restrictions des voyages et de confinements, l’épidémie de Covid-19 en France, en Europe et dans le monde a provoqué temporairement de grandes difficultés dans l’exercice des métiers du Groupe et en particulier du Travel Retail, exposé tout d’abord en Asie-Pacifique, puis en Europe et en Amérique du Nord. Les activités de Lagardère Publishing ont été affectées à partir de la deuxième moitié du mois de mars 2020 du fait de la fermeture des points de vente physiques en Europe et en Amérique du Nord dans le cadre des restrictions gouvernementales.
Les Autres activités ont subi l’effet de la crise sanitaire sur le marché publicitaire ainsi que la fermeture des salles de spectacle.
Les nouvelles mesures gouvernementales prises à compter de septembre 2020 pour faire face à la deuxième vague du Covid-19 en Europe et aux États-Unis, dont notamment dans certains pays la mise en place d’un couvre-feu puis d’un nouveau confinement, ont accentué le repli de l’activité notamment pour le Travel Retail. Dans ce contexte, le Groupe a mis en oeuvre dès le 1er trimestre des actions correctrices afin de limiter autant que possible les effets de la pandémie de Covid-19 tant au niveau des branches que du corporate. 
Ces mesures incluent :

  • La suppression de la proposition de dividende payable en 2020 au titre de l’exercice 2019 approuvée à l’unanimité par le Conseil de Surveillance à l’initiative d’Arnaud Lagardère ;
  • La réduction de 20 % de la rémunération du Comité Exécutif, à l’initiative de ses membres, jusqu’à l’été ;
  • La création d’un fonds de solidarité Covid-19 dédié au financement des initiatives du Groupe en faveur de ses salariés, collaborateurs et partenaires dans le monde, doté (i) de 5 M€ prélevés sur la trésorerie initialement allouée au dividende, (ii) de l’intégralité des montants correspondant à la réduction de la rémunération du Comité Exécutif et (iii) de sommes additionnelles contribuées volontairement par les membres du Conseil de Surveillance.

Le 25 mars 2020, compte tenu de l’incertitude sur la durée et l’ampleur de l’épidémie et des mesures gouvernementales de fermeture et de confinement, le Groupe a suspendu la guidance annoncée le 27 février 2020 sur l’évolution du résultat opérationnel courant des sociétés intégrée pour l’exercice 2020.
À compter du 30 avril 2020, dans un environnement qui demeure incertain et dans l’impossibilité de mesurer de manière précise et fiable les impacts de la crise sanitaire sur le chiffre d’affaires et sur le résultat opérationnel courant, le Groupe a néanmoins estimé, compte tenu des actions correctrices mises en oeuvre, que l’impact de la baisse du chiffre d’affaires sur le résultat opérationnel courant pourrait être de l’ordre de 20 % à 25 % pour Lagardère Travel Retail et de 20 % à 30 % pour Lagardère Publishing.
Lagardère Travel Retail, dont l’activité est très exposée au secteur aérien et qui connaît une crise d’une rare intensité, a mobilisé ses équipes pour assurer la protection sur le plan sanitaire des collaborateurs, clients et partenaires tout en organisant la mise en veille du réseau en étroite collaboration avec les aéroports et en ajustant systématiquement les coûts.
Les principales mesures suivantes ont été mises en oeuvre : (i) renégociation des conditions financières des loyers des concessions en obtenant des annulations de loyers fixes, des baisses de taux de redevances variables et des reports d’échéance, (ii) réduction du nombre de points de vente ouverts et adaptation des horaires d’ouverture en lien avec les concédants, (iii) l’adaptation des coûts de personnel à tous les niveaux, avec la mise en place d’activité partielle lorsqu’elles sont financées par les autorités locales, des licenciements ou des baisses de salaires ont été déployés, (iv) enfin, l’essentiel des coûts non nécessaires au fonctionnement vital de l’entreprise ont été fortement réduits ou négociés à la baisse (déplacements, frais de consulting, coûts de maintenance et nettoyage, royalties payés).
La branche Lagardère Publishing a déployé des mesures de protection du résultat et de la trésorerie tout en assurant l’accompagnement de la filière fragilisée par la crise en payant sans retard les auteurs, imprimeurs et éditeurs tiers, et en octroyant des délais de paiements aux libraires indépendants. Ses principales actions sont : (i) la mise en place du télétravail généralisé, (ii) le maintien de l’activité de distribution et des livraisons physiques et numériques, (iii) des mesures d’économies des coûts de personnel, de marketing et publicité, de consulting, (iv) report ou annulation d’investissements et report de certaines charges (loyers, cotisations sociales). En 2020, Lagardère Publishing a réalisé un chiffre d’affaires quasi-équivalent à celui de 2019.
À fin décembre 2020, la baisse du chiffre d’affaires du Groupe par rapport à 2019 s’élève à -2 727 M€, soit -38 %, dont -9 M€ pour Lagardère Publishing, -2 544 M€ pour Lagardère Travel Retail et -59 M€ pour les Autres activités. Cette baisse affecte négativement le résultat opérationnel courant des sociétés intégrées du Groupe qui s’élève à -155 M€ (contre 378 M€ en 2019) qui tient compte de mesures fortes d’adaptation des coûts mais qui inclut aussi des coûts inévitables. Il s’agit pour l’essentiel de coûts de structure, de loyer fixe, coûts de personnels non occupés nets des indemnisations reçues le cas échéant, de points de vente ou de centres de distribution non opérés.
Au 31 décembre 2020, du fait de l’incertitude sur la durée et l’ampleur de l’épidémie et des mesures gouvernementales prises en conséquence, le Groupe a pris des hypothèses permettant d’apprécier les impacts de la pandémie sur les comptes, en se fondant sur son expérience passée ainsi que divers autres facteurs jugés raisonnables. Des scénarios de reprise d’activité ont été préparés dans ce contexte et ont été utilisés dans les flux de trésorerie projetés pour réaliser les tests de valeurs annuels portant sur les écarts d’acquisition et autres immobilisations, y compris pour déterminer les composantes variables des compléments de prix.
Tests de dépréciation des écarts d’acquisition et immobilisations incorporelles à durée de vie indéterminée
Les tests de valeur ont été réalisés en fin d’année en prenant en compte le contexte de la pandémie de Covid-19 qui a fortement perturbé la conduite des opérations. Ils ont conduit à l’enregistrement de pertes de valeur à hauteur de 132 M€ (cf. note 10). 
Ce montant inclut les déprécations suivantes :

  • 61 M€ de dépréciation des immobilisations incorporelles de Lagardère Travel Retail dont 55 M€ au titre du contrat de concession de l’aéroport de Rome ;
  • 31 M€ de dépréciation de l’écart d’acquisition du Groupe International Duty Free en Belgique chez Lagardère Travel Retail ;
  • 20 M€ de dépréciations des écarts d’acquisition de l’activité Mexique, de Brainbow et du Groupe Anaya chez Lagardère Publishing ;
  • 14 M€ de dépréciation des immobilisations corporelles de Lagardère Travel Retail ;
  • 6 M€ de dépréciation de l’écart d’acquisition du Bataclan. Les hypothèses par branche et sensibilités des tests réalisés sont détaillées en note 10.

Négociations de loyers des contrats de concession
Les négociations de loyer avec les bailleurs (aéroports et gares) sont finalisées dans la majorité des cas au 31 décembre 2020. Elles sont de formes différentes selon les zones géographiques et dépendent aussi des clauses des contrats initiaux. Ainsi, elles peuvent concerner :

  • la remise en cause totale ou partielle du loyer fixe ou du minima garanti sur une période donnée et/ou son remplacement par un loyer variable ;
  • l’annulation du loyer fixe ou du minima garanti sur la base des conditions contractuelles en vigueur ;
  • la renégociation plus globale du loyer et des durées de locations et des surfaces opérées.

Seules les négociations effectives au 31 décembre 2020 ont été comptabilisées. Lorsque les conditions étaient réunies, l’amendement d’IFRS 16 publié en mai 2020 a été appliqué. Il permet de comptabiliser les remises de loyers accordées dans le cadre du Covid-19 en déduction des dettes de location avec pour contrepartie un gain au compte de résultat.
Ainsi au 31 décembre 2020, les dettes de location et les droits d’utilisation au titre des contrats de concessions ont été réduits respectivement de 915 M€ et de 744 M€ en conséquence des négociations de loyers liées à la crise sanitaire.
Ces réductions se décomposent comme suit :

  • la réduction des dettes de location en contrepartie d’un gain sur contrat de location pour 171 M€ dont 101 M€ au titre de l’application de l’amendement IFRS 16 – Covid-19 ;
  • la réduction des dettes de location en contrepartie des droits d’utilisation pour 530 M€ au titre des modifications de contrats et de 214 M€ au titre des réestimations de contrats.

Pour rappel, l’effet de l’application d’IFRS 16 sur les contrats de concession uniquement est neutralisé dans le calcul du Résop qui réintègre la charge de loyer fixe de l’exercice et annule l’amortissement du droit d’utilisation. Ainsi, l’effet des négociations de loyer fixes ou de minima garantis obtenues et attribuables à la période est inclus dans le Résop au 31 décembre 2020 pour +362 M€.
Les impacts sur les comptes consolidés des négociations de loyers sont décrits en note 18.

Risque de contrepartie et de crédit
L’exposition du Groupe au risque de contrepartie a été relativement limitée à fin décembre 2020.
L’en-cours clients de 1 050 M€ a été déprécié en fonction de la survenance d’événements de défaut et d’estimations de pertes attendues pour -26 M€ dont -10 M€ concernent la dépréciation des en-cours auprès de Presstalis devenu France Messagerie en juillet 2020.
Par ailleurs, le montant des actifs de couverture gérés dans le cadre des engagements sociaux postérieurs à l’emploi qui s’élève à 280 M€ dont 259 M€ au Royaume-Uni au 31 décembre 2020 n’a pas enregistré de baisse de valeur à fin décembre 2020.

Stocks – Autres créances
Les stocks de produits périssables et de mode de l’activité Travel Retail ont fait l’objet d’une dépréciation de -18 M€ sur l’exercice.
Les créances sur cessions et compléments de prix ont également été revus. Des dépréciations ont été comptabilisées pour un montant total de 14 M€ au titre du risque de crédit des acquéreurs et du risque de non-réalisation des objectifs opérationnels sous-jacents notamment le report du calendrier des compétitions en Asie dans le cadre du contrat AFC.

Indemnités reçues ou à recevoir
Certaines entités ont bénéficié d’aides et de mesures de chômage partiel qui sont financées par l’État ou des autorités locales. Ces aides ont été comptabilisées en déduction des charges au titre desquelles elles ont été obtenues et s’élèvent à 71 M€ à fin décembre 2020.

Restructuration chez Lagardère Travel Retail
La crise sanitaire a engendré des fermetures de points de vente pour lesquels une charge de restructuration de 36 M€ a été enregistrée en 2020.

Impôts différés actif liés aux pertes fiscales
Une revue des pertes fiscales reportables a été effectuée au 31 décembre 2020 et a conduit à la dépréciation de 9 M€ d’impôts différés actifs chez Lagardère Publishing. Les pertes activées sur l’exercice 2020 tiennent compte des perspectives de résultats futurs.

Liquidité
Au 31 décembre 2020, le Groupe bénéficie d’une liquidité de 1 637 M€, composée d’une trésorerie de 687 M€ et du solde non tiré de 950 M€ de la ligne de crédit renouvelable d’un montant de 1 250 M€ consentie par un pool de banques relationnelles du Groupe. Dès avril 2020, le groupe Lagardère a trouvé un accord avec le pool de banques de cette ligne afin de suspendre le « covenant » (ratio de levier) pour juin 2020 et décembre 2020.
En décembre 2020, le groupe Lagardère a consolidé sa structure financière par la mise en place début janvier 2021 :

  • d’un prêt de 465 M€ garanti par l’État à hauteur de 80 % (« PGE ») à échéance initiale de 12 mois qui peut être étendue jusqu’à 5 ans additionnels (option exerçable par la société à sa discrétion à l’issue de la période d’un an) ;
  • d’un amendement et d’une extension de sa ligne de crédit renouvelable auprès de ses banques partenaires consistant en un ajustement de la facilité de crédit à 1 102 M€ et en une extension de la facilité de mai 2022 à mars 2023 à hauteur de 1 002 M€.

La redéfinition des « covenants » financiers qui en résulte tient compte des effets de la crise sanitaire et est décrite en note 29. Le Groupe estime que la liquidité est suffisante pour couvrir ses besoins de financement en 2021, aussi bien opérationnels que ceux liés au remboursement des échéances dues à hauteur de 493 M€ (dont 158 M€ de billets de trésorerie au 31 décembre 2020), dans le contexte d’un scénario prudent, qui intègre des prévisions de trafic passagers IATA en date du 3 février 2021 à +13 % en 2021 vs. 2020 pour Lagardère Travel Retail.